La Voix secrète by Michaël MENTION

Auteur:Michaël MENTION [Mention, Michaël]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier thriller
Éditeur: 12-21
Publié: 2016-09-14T22:00:00+00:00

26

… quand survient une explosion, apocalyptique. Les immeubles frémissent, les corps se tordent et se déforment dans une terreur suraiguë. La rue, le quartier s’enfument. Panique, de dispersions en bousculades.

« Vive Charles X ! À mort l’imposteur ! »

Un attentat, encore un. La revendication provient d’une fenêtre, quelque part. Au sol, le cheval s’enfuit, emportant la calèche qui se renverse sur des malheureux. Trois brigadiers leur portent secours, ils sont piétinés par la foule en délire. Paris devient fou.

Dans tout ce chaos, Canler, bouleversé, sort son pistolet et cherche Allard parmi les hystériques, les pleurs. Cris. Hurlements. Et tandis que la fumée se dissipe, des morts. Des morts par dizaines. Là, un garde. Ici, une femme. Plus loin, un général, deux ouvriers et le maréchal Mortier. Carnage où personnalités et anonymes, notables et indigents gisent dans le même sang, réunis au-delà de leurs classes sociales.

Quelque part, un cheval hennit et se cabre, blessé à l’encolure. Louis-Philippe tire sur les rênes, reprenant le contrôle, puis essuie son coude ensanglanté. Indemne, alors que tant d’autres ont succombé. Ses fils et trois gardes l’éloignent du boulevard, fendant un amoncellement de corps. L’un d’eux se relève. Sonné, l’homme balade son regard, de blessés en cadavres, et se fige. Horrifié à la vue d’une enfant. Cette fillette criblée de balles, dont la tête a été soufflée par les tirs. Traumatisé, Canler se ressaisit. Revient sur ses pas. Se fraye un passage, avant d’apercevoir Allard, au sol. Il se précipite, l’aidant à se rétablir.

— Où est Lacenaire ?

— Je… je…

— Reprenez-vous ! Où est-il ?

Allard, les lèvres tremblantes, est incapable de répondre. Canler cherche un abri du regard. Là-bas, le porche à l’entrée de la morgue. Il soutient son supérieur et le dirige de force. Trajet laborieux entravé de blessés. Arrivés sous le porche, Canler y assoit Allard.

— Restez là ! Je vais…

Il s’interrompt, voyant la porte ouverte. Au sol, deux paires de fers et une clef. Il s’engouffre à l’intérieur de la morgue déserte. Les médecins se sont tous enfuis, à l’exception de Grivot étendu au sol. Inconscient. Canler le secoue par le col.

— Lacenaire ! Où est-il ?

Grivot revient à lui, hagard, et lui indique l’amphithéâtre. Canler s’y précipite, tenant son arme à deux mains. Dehors, Allard prend appui contre le mur. Il se rétablit, prend conscience de l’ampleur du chaos. Canler réapparaît, fou de rage.

— Lacenaire a volé la tête !

— Quoi ?

— Voilà où nous conduisent vos amitiés douteuses !

— Comment savez-vous que c’est lui qui…

— Que vous faut-il de plus ?

Canler repart. Aidé de gendarmes et de brigadiers, il tente d’apaiser la foule. Adossé au mur, Allard accuse le coup. Le regard vide, il se met en quête d’un mouchoir pour essuyer son front transpirant. Il fouille sa poche droite et y trouve un papier.

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